Cette gentillesse de la part d’étrangers a bouleversé Nadine, qui a fini par passer un mois à Quito, en attendant le rétablissement de son pied. Elle devait donc réviser son plan initial de visiter les petits villages pour en apprendre plus sur la musique afro-équatorienne. Elle a vite trouvé une école proche de Quito où elle a pu apprendre à jouer le style de guitare Bomba. Elle a aussi pris des cours avec David West, un multi-instrumentaliste qui avait voyagé un peu partout en Équateur, apprenant divers styles et plusieurs traditions musicales et qui a partagé ses connaissances avec Nadine. Né en Équateur mais élevé au Canada, David était retourné à son pays d’origine dans le but de tout découvrir au sujet de ses racines.

Sa rencontre avec David a fait réaliser à Nadine que nos racines culturelles sont profondément ancrées dans notre ADN, même si nous avons grandi dans d’autres endroits et d’autres milieux. Elle partageait ce désir d’en apprendre plus au sujet de la culture de ses parents et de son pays d’origine. Elle en était arrivée à envisager ces questions à l’échelle planétaire. Elle s’est souvent demandée ce qui serait arrivé si ses parents n’avaient jamais quitté la Syrie et si elle avait connu les affres de la guerre. Ces réflexions lui ont donné de la motivation pour créer des chansons ayant pour thème nos racines et le moyen de comprendre celles-ci en regardant le chemin parcouru, et l’ont amenée à réaliser comment les privilèges changent non seulement nos vies, mais aussi nos perceptions et nous forment d’une manière différente que ne l’auraient fait de difficiles épreuves. C’est ainsi que notre cheminement personnel peut avoir en même temps un côté collectif et universel.