Nadine Altounji a rencontré la poétesse et danseuse Marcia Castro Gamarra lors d’une fête à Cusco au Pérou en 2018 et elles se sont très vite entendues. Elles ont par la suite passé beaucoup de temps à élaborer des concepts de chansons et à discuter d’art, des droits des femmes, du colonialisme avec les spoliations et privilèges qui y sont associés, ainsi que de leurs propres expériences de vie, où elles doivent s’assumer face à des identités et des cultures complexes et croisées. Marcia a proposé d’écrire un poème pour Nadine au sujet des manifestations répétées pour les droits des femmes dans la région. « Je me suis précipitée chez moi pour rechercher de l’inspiration » se rappelle Marcia. « J’ai suivi les nouvelles et j’ai commencé à me demander pour quelle raison on était en train de protester, quel était le but recherché et qu’est-ce qui arrivait à ces femmes qui manifestaient? »

L’expérience personnelle vécue par Marcia, qui est la survivante d’une relation abusive, a transformé sa compréhension d’elle-même, du féminisme et de la violence familiale. Le fait de subir la violence d’un partenaire intime est particulièrement humiliant, conduit à l’isolement et se révèle souvent fatal. Mais pour les survivantes, le processus de guérison commence lorsqu’elles se tiennent ensemble pour exiger des changements. De Varsovie à Cusco, les femmes sont descendues dans la rue pour manifester et réclamer d’être libérées des lois oppressives inspirées par la religion, qui cherchent à contrôler nos vies et nos corps. C’est ainsi que Marcia a écrit Marcha de Flores, inspirée par le combat des femmes d’Amérique du Sud contre le système patriarcal pour exiger leur droit de vivre en paix et en sécurité. Le poème est un hommage aux femmes dont le sang a imbibé le sol d’où ont surgi et se sont épanouies les fleurs de la résistance. 

La vidéo de Marcha de Flores a été filmée et montée par Victorine Sentilhes. La vidéo comprend des photos du groupe d’activistes féministes Genero Rebelde montrant les manifestations de Cusco ainsi que des séquences vidéo que Victorine avait précédemment filmées au Tchad et en Haïti et d’autres enregistrements filmés par Victorine à Montréal mettant en scène une grande variété de femmes, de manière à illustrer l’universalité de la question de la violence à l’égard des femmes et à montrer sa solidarité envers cette cause importante.  Nous avons décidé de lancer cette vidéo à l’occasion de la Journée internationale de la femme en hommage à nos sœurs, à nos mères et à nos filles, afin de souligner notre lutte collective pour le droit à l’égalité et à la liberté et d’affirmer la nécessité de mettre fin à toutes les formes de violence à l’égard des femmes.