Bint El Balad est une célébration des femmes originaires du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord nées dans la diaspora. Cette chanson est un hommage aux femmes que la conciliation de deux mondes différents a profondément transformées. La chanson rassemble Nadine Altounji, Nadia Bashalani and Dana El Masri, trois femmes dont les racines sont profondément ancrées dans le sol fertile des pays d’origine de leurs parents : la Syrie, le Liban et l’Égypte. Nadia et Dana sont les chanteuses principales, alors que Nadine et Mark Alan Haynes ont écrit et arrangé la musique. Nadine y joue aussi le oud, instrument dont jouait déjà son arrière-grand-père à Alep et sur lequel elle a appris à jouer les trois dernières années.
Nadine a choisi le concept et titre de la chanson Bint El Balad, qui en est aussi le refrain, mais ce sont Nadia et Dana qui en ont écrit les paroles. La chanson, qui s’inspire du titre du film égyptien Bint El Balad (1955) (qui signifie La Fille de la campagne), suit l’évolution du concept de bint el balad dans le cinéma égyptien. La signification de ce concept a en effet changé suite au changement du régime en Égypte et ce, à mesure que s’instaurait la mainmise de l’État sur l’industrie du cinéma, et dont l’un des effets a été le contrôle de l’image de la femme. Nadine a ressenti le besoin de libérer bint el balad de l’emprise autoritaire des hommes et elle l’a réimaginée à travers le regard bienveillant des femmes. Cela a amené Nadine à se demander ce que représentait bint el balad dans les temps modernes. En fait, la chanson contient en elle à la fois l’interrogation et la réponse.
La vidéo de Bint El Balad, dont Victorine Sentilhes a fait le tournage et le montage, met en scène Nadine, Nadia et Dana. Elle fait le portrait de l’évolution de bint el balad à travers les décennies vers l’incarnation moderne et libérée de la danseuse dont les habits reflètent la transformation. Cette vidéo est surtout une célébration des femmes, non pas en tant qu’objets des regards de convoitise des hommes, mais comme des personnes méritant toute considération. Dans cet univers intime, ces femmes de la diaspora chantent, dansent, se sentent bien dans leur peau et expriment plénitude et bien-être.
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Nadine Altounji a rencontré la poétesse et danseuse Marcia Castro Gamarra lors d’une fête à Cusco au Pérou en 2018 et elles se sont très vite entendues. Elles ont par la suite passé beaucoup de temps à élaborer des concepts de chansons et à discuter d’art, des droits des femmes, du colonialisme avec les spoliations et privilèges qui y sont associés, ainsi que de leurs propres expériences de vie, où elles doivent s’assumer face à des identités et des cultures complexes et croisées. Marcia a proposé d’écrire un poème pour Nadine au sujet des manifestations répétées pour les droits des femmes dans la région. « Je me suis précipitée chez moi pour rechercher de l’inspiration » se rappelle Marcia. « J’ai suivi les nouvelles et j’ai commencé à me demander pour quelle raison on était en train de protester, quel était le but recherché et qu’est-ce qui arrivait à ces femmes qui manifestaient? »